www.philatelistes.net - Les pigeongrammes : Chez Prosper Derouard
L'aéropostale par les timbres
Dans les cockpits ouverts, seule une épaisse combinaison protégeait les pilotes contre les éléments. Ils devaient cependant apporter le courrier à l'heure, quel que soit le temps. Beaucoup s'écrasèrent sur les montagnes noyées dans le brouillard, le courrier s'éparpillant parmi les débris de leur avion. L'histoire de l'Aéropostale est étroitement liée à celle de l'aviation

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Les pigeongrammes : Chez Prosper Derouard


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LES COLOMBOPHILES EN 1870

A propos du monument des aéronautes - Les organisateurs de la poste par pigeons - Chez un colombophile du siège -, Avant et après l'investissement.
Un comité s'est formé, qui se propose d'élever à la gloire des aéronautes du siège de Paris un monument sur une place de Montmartre. C'est au sculpteur Bartholdi qu'a été confiée l'exécution de l'oeuvre. L'artiste n'a pas oublié que les aéronautes, en 1870, eurent des collaborateurs : les hommes dévoués qui organisèrent les communications par pigeons-voyageurs entre la capitale assiégée et la province anxieuse. Le monument qui glorifiera les aéronautes perpétuera aussi le souvenir des colombophiles du siège. Le moment est donc venu de redire les efforts de ceux-ci,

Chez M. Derouard

Prosper Derouard

Posper Derouard
(1838-1916)


Le président actuel de la Fédération colombophile de la Seine, M. Derouard, fut pendant le siège le grand organisateur du service des pigeons-voyageurs. Le ruban rouge qui brille à sa boutonnière atteste qu'on sut reconnaître son dévouement. M. Derouard nous a reçu hier. Avec simplicité, il nous a raconté quel fut le rôle des colombophiles dans Paris investi.
En 1870, nous dit-il, trois sociétés de colombophilie existaient à Paris. La principale était l'Espérance, dont j'étais le secrétaire. Elle organisait des concours à grande distance : de Bordeaux à Paris, par exemple.
«Au mois de juillet de l'année terrible, nous avions organisé un concours à Agen, nos pigeons étaient donc très entraînés et auraient pu rendre de grands services. Mais soudain, en août, parut un ordre du général Trochu interdisant le lâcher des pigeons sur toute l'étendue du territoire. Nous fûmes contraints d'interrompre l'entraînement de nos pigeons. Quand le siège commença, ils n'étaient pas sortis depuis plus d'un mois et se trouvaient donc en état d'infériorité.
Vers la fin d'août, voyant la marche rapide des armées allemandes vers Paris, trois membres de la société se réunirent. C'étaient M. Cassiers, président ; M. Traclet, trésorier, et moi. Nous pensions qu'en cas d'investissement les pigeons-voyageurs pourraient être utilisés au profit de la défense nationale, et nous résolûmes de nous adresser au gouverneur de Paris et au ministre de l'intérieur pour leur exposer nos projets. Mais, tout d' abord, nos démarches ne furent, pas couronnées de succès. Nous dûmes faire antichambre plus d'une foi. On avait encore confiance, à ce moment là, nous nous heurtions toujours à la même objection :
«Les pigeons ! Mais nous n'en sommes pas encore là !»
Nous persistâmes cependant, et l'on finit par nous écouter. Aussi bien, l'envahisseur gagnait du terrain, et l'espoir diminuait. « Le 17 septembre, Gambetta nous promit que toutes les pièces nécessaires à l'organisation du service de pigeons seraient signées par lui le lendemain dimanche. Or, ce jour- là, Paris fut investi.
Quelques trains partirent encore dans la matinée, et nous nous trouvions à la gare Montparnasse, avec cent huit pigeons, prêts à partir. Mais Gambetta s'était rendu aux avant-postes où avaient eu lieu quelques échauffourées. Quand il revint, le dernier train s'était éloigné, et, derrière lui, 1es Prussiens avaient coupé les lignes. Impossible de songer à expédier nos pigeons. Il nous fallut attendre le départ des ballons. De ce fait, nous perdîmes six jours. Si on avait accueilli nos premières démarches, Paris n'eût pas été privé un seul jour des nouvelles de l'extérieur.

Par ballons.


Le 25 septembre, enfin, le ballon Ville-de-Florence partit, emportant les premiers pigeons, Le 12 octobre, le trésorier de notre société, M. Traclet, prenait place dans la nacelle du Louis-Blanc, qui s'éleva de 1a place Saint-Pierre. Il arriva à Tours avec ses pigeons et se mit à la disposition de la délégation de la défense nationale. Le même jour, partait un autre colombophile, M. Van Roosebecke. Le 27, c'est notre président, M. Cassiers, qui partit par le Vauban pour Lille, où il allait remplir auprès du général Bourbaki une mission secrète. De Lille, il gagna Tours, où il retrouva Traclet et Van Roosebecke. Trois semaines après, ils furent rejoints par un quatrième colombophile, M. Thomas, qui avait quitté Paris dans 1e ballon Général-Ulrich. Tous quatre furent chargés de la réception des pigeons transportés par ballon, des soins à leur donner et des lâchers à effectuer.
Je restais donc seul à Paris, ajoute M. Derouard, pour organiser le service. Je devais assurer le départ des pigeons, contrôler les retours, et toutes les fois qu'il y avait une sortie importante, suivre les troupes, afin d'assurer les communications au cas où nous eussions réussi à percer la ligne d'investissement. C'est ainsi que j'assistai aux deux affaires de Champigny.
Pendant toute la durée du siège, je fis partir 363 pigeons, sur lesquels 65 revinrent à Paris. Chacun de nos pigeons pouvait transporter jusqu'à dix-huit pellicules photographiques, dont chacune reproduisait 12 ou 16 pages in-folio d'imprimerie, contenant en moyenne 3000 dépêches. Les 115000 dépêches faites à Tours durant l'envahissement pesaient en tout deux grammes.
En somme, c'est aux colombophiles que revient la gloire d'avoir évité à Paris 1a douleur démoralisante de l'absence de nouvelles. » C'est sur ces mots que nous avons quitté M. Derouard. On voit que les colombophiles ont mérité l'hommage que leur rendra le monument de Bartholdi.

(Renseignements aimablement fournis par Jean-Marie Derouard). 

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Toussaint COPPOLANI
Toussaint COPPOLANI

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