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La Commune de 1871 : l'exécution des otages


Introduction
La guerre de 1870
La poste pendant la Commune
L'Agence de la Bourse
L'Agence Moreau et Osmont
L'Agence Bruner
L'Agence Maury et Lorin
Les Lorins
Evénements marquants
Quelques images de la Commune
L'exécution des généraux Thomas et Lecomte
La destruction de la colonne Vendôme
Exécution de six otages par les fédérés

(in « Mes cahiers rouges au temps de la commune » par Maxime Vuillaume.)

Mercredi 24 mai, « Vers la mort »

Lentement, sans une parole, on se mit en marche. Le cortège tourna à droite pour, au bout de quelques pas, s'engager dans le long couloir, bordé d'un côté par le haut mur de pierres meulières du chemin de ronde, de l'autre par la prison.
Dans l'angle, une petite tourelle. C'est dans cette tourelle que se déroule, mal éclairé par deux étroites ouvertures, l'escalier tournant que viennent de descendre les condamnés.
Cette tourelle dépassée, la voie devient plus resserrée, plus obscure, plus sinistre aussi. Trois étages de fenêtres solidement barricadées de fer. Au premier étage, les fenêtres des cellules doubles que viennent de quitter les six prisonniers et où sont encore enfermés ceux qui n'ont pas été portés sur la liste de mort.
La première de ces fenêtres grillées, c'est la cellule de l'archevêque. Le prélat - je cite ici les paroles mêmes d'un témoin marchait appuyé au mur, la tête penchée, comme étranger à ce qui se passait autour de lui. Sa barbe longue, poussée en prison, presque blanche, ses joues creusées par la souffrance et par l'inquiétude de ces deux mois de réclusion, donnent à sa physionomie une expression d'indéfinissable tristesse.
Quatre hommes du peloton sont en tête, le fusil sur l'épaule. Derrière, un groupe désordonné. Deux lanternes, que tiennent haut les porteurs, les mêmes qui ont éclairé la descente des prisonniers dans la tourelle de l'escalier de secours, jettent sur cette scène des lueurs vacillantes. Il n'est pas loin de huit heures. Le jour va tomber. Déjà, entre ces hautes murailles du chemin de ronde, l'obscurité s'est à peu près faite. Pas une parole ne lut prononcée au cours de cette traversée lugubre. Bien des phrases ont été placées, dans les divers récits parus, dans la bouche de l'archevêque. Le prélat, à la vérité, parla une seule fois.
Fortin, qui était au pied des marches quand les otages se présentèrent à la grille, ne quitta pas des yeux l'archevêque jusqu'au mur fatal.
- C'est après avoir descendu ces marches, me dit-il, que l'archevêque, se tournant vers nous, dit d'une voix faible - « Et cependant j'ai écrit à Versailles. » Il faisait allusion aux lettres qu'il avait adressées à Thiers pour l'échange des prisonniers. Personne ne souffla mot. Je suivis le peloton. Je n'ai plus rien entendu. J'étais très près d'eux. A l'extrémité du chemin de ronde intérieur, le cortège se heurta contre une grille qui donne accès au deuxième chemin de ronde, le chemin dit extérieur, dont le mur sud longe la rue de la Vacquerie. C'est au bout de ce chemin que devaient tomber les six otages.

la fusillade


Exécutions au temps de la commune, 1871


Quand on eut atteint le fond de l'allée, le peloton s'arrêta. Sicard se plaça à l'angle du mur. A côté de lui, Fortin. Derrière eux, le peloton des exécuteurs. Une trentaine d'hommes armés. Tout au fond, François, qui avait rejoint le groupe sans avoir suivi le cortège, et Genton.
Les six otages étaient allés, sur un signe de Sicard, se placer au pied de la muraille qui faisait face aux exécuteurs. Tout près de Sicard, le premier du rang, le pompier casqué. Puis un fédéré, Lolive 11, et, un peu plus loin, Mégy, le mécanicien du Creusot. Les hommes avaient chargé leurs armes dans la cour de l'infirmerie. Ils mirent en joue, attendant le commandement.
Là encore, je voulus savoir si quelque exclamation, injure, protestation, avait été remarquée. Rien. Le silence.
Sicard leva le bras. Mais le commandement de « Feu » ne sortit pas de ses lèvres. Il s'était rappelé qu'il n'avait pas d'arme. Il se tourna vivement vers Fortin.
- Fortin, ton sabre!
Ce ne fut qu'un geste, un éclair.
Fortin tira son sabre du fourreau - le sabre que lui avait donné Ferré l'avant-veille. Il le tendit à Sicard, qui, sans lever l'arme - les exécuteurs étaient tellement pressés les uns contre les autres qu'il eût pu blesser quelqu'un d'eux - cria
- Feu !
Le peloton tira.
Tous tombèrent, excepté l'archevêque.
- Mais il est donc blindé, celui-là ! cria Lolive, en rechargeant rapidement son chassepot.
Il ajusta le prélat, qui porta la main à sa poitrine, en s'affaissant. Quelques coups isolés éclatèrent encore.
L'horloge de la prison sonna à ce moment huit heures. Les hommes du peloton abandonnèrent le lieu de l'exécution, laissant là les cadavres qui furent conduits la nuit au Père-Lachaise. Genton et Fortin quittèrent la prison et regagnèrent la mairie du onzième arrondissement pour y rédiger le procès-verbal de l'exécution, comme le leur avait prescrit Ferré.
Sur le seuil de la mairie se tenaient à ce moment plusieurs membres de la Commune, Vermorel qui devait être grièvement blessé le lendemain, Jourde , Theisz , Avrial.
- Eh bien ! c'est fait, leur dit Genton, en s'appochant. Nous venons de fusiller l'archevêque!
- Vous avez fait là une jolie besogne, reprit vivement Vermorel. Nous n'avions peut-être qu'une dernière chance d'arrêter l'effusion du sang ... Vous venez de nous l'enlever ... Maintenant, c'est fini. 

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Toussaint COPPOLANI
Toussaint COPPOLANI

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