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Luc Olivier Merson, par Raymond Bouyer - Gazette des Beaux-Arts


portrait de luc-olivier merson
Luc-Olivier Merson (1846-1920)
Sommaire général
Vie
Oeuvre
Images des oeuvres
Les timbres de France au type Merson
Les timbres étrangers au type Merson

par RAYMOND BOUYER, Gazette des Beaux-Arts Juillet 1922

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plus réellement que Raphaël, Michel-Ange ou Titien, les Primitifs que M. Ingres adorait à genoux seront ses vrais maîtres; mais, avant de les découvrir sous l'azur de leur ciel natal, le jeune peintre a déjà copié leurs dessins au Louvre, sans négliger non plus, peut-être, quelques suaves minia­tures françaises sur vélin du XV. siècle, de la collection Sauvageot, dont l'une est si belle que Reiset voulait l'attribuer à Jehan Foucquet1; au Louvre, il a goûté particulièrement « leur naïveté charmante et leur amour de la nature» ; à l'instar des Préraphaélites anglais, ses devanciers, il a rafraîchi son savoir à leur source limpide et retrempé sa culture à leur candeur.
En Italie, dans cette nature admirable où le style apparait vivant comme une beauté de race, le lauréat de 1869 reconnaît ses chers Primitifs, leur décor et leur âme, la limpidité de leurs paysages grêles et la silencieuse blancheur de leurs cloîtres; il respire longuement l'air céleste qui les inspi­rait; il ne datera pas ses envois de Rome, comme l'orientaliste Henri Regnault, de Grenade ou de Tanger, mais, si le rêveur a dû se plaire à la mysti­cité d'Assise, le dessinateur ose préférer la précision florentine à la majesté romaine; et, plus tard, c'est à ses chers Primitifs surtout qu'il songera, quand, devenu président de l'Académie des Beaux-Arts, il recommandera délicatement aux lauréats de 1908 le séjour en Italie, « cette nouvelle patrie» de l'artiste, où « pour qui sait voir, rien n'a changé depuis les maîtres ».
Merson lui-même avait su voir et n'avait pas attendu, pour le prouver, son départ de l'Académie de France où l'austère directeur Hébert disait de sa voix douce, un peu monacale: « Allez, messieurs, et ne faites jamais que de l'exquis!2 » Témoin ses trois envois de Rome, dont la tendance archaïque et moyen-âgeuse avait surpris les salonniers d'alors qui raffolaient déjà de la « vie moderne »; et le naturalisme en paraissait déconcerté: « M. Luc-Olivier Merson se défend par l'archaïsme de l'exécution et le raffinement de l'idée... Il tranche, au moins, par l'intention», disait Castagnary quand furent exposés Saint Edmond, roi d'Angleterre, martyr en 1872, une mystique Vision, légende du XIVe siècle en 1873, « peinture agrandie de missel », aussitôt récompensée d'une première médaille, et la dramatique allégorie du Sacrifice à la Patrie, en 18753, accompagnée d'un Saint Michel, carton de tapisserie pour le Panthéon. L'Italie des maîtres avait fortifié le goût du nouvel exposant, sans contrarier ses aspirations natives.
Constamment partagées entre la poésie mystique d'un Moyen âge légen­daire et la plastique eurythmie de l'antiquité païenne, ces aspirations se


1. V. la Notice des dessins, 1. II, 1869, p. 207-208.
2. Mot rapporté par M. Dagnan-Bouveret, le soir du banquet qui fut offert à Luc-Olivier Merson pour fêter sa médaille d'honneur, en 1920.
3. V. Gazette des Beaux-Arts, 1875, t. 1, p. 501.

 





le repos en egypte
LE REPOS EN EGYPTE,
PAR LUC-OLIVIER MERSON (1879)





refléteront dorénavant dans les tableaùx de chevalet du peintre, les grandes compositions du décorateur et les vignettes de l'illustrateur.
« La peinture est fille de la terre et le poème du nu remonte à l'Olympe... Le temps n'est plus des ravissements de Fiesole »: à ces affirmations des contemporains de Courbet, qui proscrivait plus brutalement la peinture de l'invisible et des anges, on dirait que le peintre ait voulu donner un double démenti quand il confiait une jolie pensée d'humaniste ou de croyant à ses petits cadres où le beau songe antique alterne avec la foi bretonne; son imagination, naturellement tempérée par une pointe d'ironie et toujours contenue par la science acquise, préfère les petits poèmes aux lyriques envolées de la Chimère dont une de ses dernières toiles nous peindra naïvement la mort1; et c'est encore la minutieuse ingéniosité des « néo-grecs» qui compose Sacrifice des poupées, L'Amour au Jugement de Pâris et ses nus exquis: Diane chasseresse (1878) ou L'Éveil du printemps (1884). Le nu, dans l'œuvre de Merson, n'est pas une vision symbolique isolée dans un désert pâle ou dans urte sombre grotte qu'émaillent de mystérieuses floraisons de rubis et d'émeraudes: tout autre apparaît au regard du souvenir la fluette Espérance de Puvis de Chavannes ou la marmoréenne Galatée de Gustave Moreau; la nature vernale fleurit en détails menus autour de la blancheur nacrée de la chair, et le paysage a des suavités d'enluminure: délicatesse originale d'atmosphère et de contour, que nous retrouverons à l'Opéra-Comique et dans l'illustration des Trophées.
A ce parfum d'anthologie syracusaine répond une brise embaumée de pieuse légende qui nous conduit, dans l'unité d'une pure lumière, de Théocrite à saint François d'Assise; aux fioretti di San Francesco sont empruntées d'édifiantes images: Le Loup d'Agubbio (disons, plus correctement, de Gubbio) (1878), Saint François parlant au dit loup, petit tableau de la collection Charles Hayem, et Saint François d'Assise prêchant aux poissons (1881), dont les connaisseurs ont comparé l'onction crépusculaire avec le même sujet lourdement tmité par Bœcklin. A la Légende dorée de Jacques de Voragine, où Delaunay, déjà, puisait au Salon de 1869 sa saisissante évocation de La Peste à Rome, appartient Saint Isidore laboureur (1879), priant tandis qu'un ange lumineux conduit au loin sa charrue... Et quelle touchante invention que l'Angelo pittore de 1884, l'ange qui tient les pinceaux pen­dant le sommeil de fra Beato Angelico sur son échafaudage monumental!



1. La Mort de la Chimère, exposée à l'unique Exposition des Pompiers dont Luc-Olivier Merson avait spirituellement accepté la présidence (janvier I912).
 





Un rajeunissement discret, souriant et familier de la haute peinture religieuse: voilà le sentiment que suggère L'Arrivée à Bethléem(1885), si sobrement pathétique dans le silence de sa nuit claire, ou le célèbre Repos en Égypte, qui consacrait, dès 1879, le jeune talent d'un nouveau maître. A la vue de ce groupe radieux à l'ombre du grand Sphinx, on songe au même Repos chanté non moins suavement par le Berlioz assagi de l'Enfance du Christ, on entend l'angélique mélodie du compositeur inspiré pareillement par nos vieux Noëls et faisant d'instinct de l'archéologie musicale sous le

SAINT LOUIS,A SON AVENEMENT, FAIT OUVRIR LES GEOLES DU ROYAUME
SAINT LOUIS,A SON AVENEMENT, FAIT OUVRIR LES GEOLES DU ROYAUME
PANNEAU PAR LUC-OLIVIER MERSON (1877)
(Palais de Justice, Paris.)


Nom d'un vieux maître de chapelle imaginaire ! Je gage que M. Gabriel Pierné, le délicat musicien qui fut l'ami de Merson, ne nous contredira pas... Moins connu, c'est un autre petit chef-d'œuvre en ce genre que l'ouvrage intitulé « Je Vous salue, Marie! » (1885): quelle poésie dans le geste de ce manant soulevant son vieux feutre, de sa fillette envoyant un baiser, de leur bon chien qui rampe en passant devant le groupe rayonnant de la Mère virginale et de l'Enfant divin! La traditionnelle auréole constelle le soir qui tombe sur la crête des chaumes épais; et quel accent d'autrefois et de toujours dans ce calme crépusculaire, éminemment religieux ! Ici, l'obscur décor de la vieille France; là-bas, le printemps en fleur,comme un sonnet ancien calligraphié sur un vélin précieux.

v. - 5e PÉRIODE.
 





A cette atmosphère de mysticité sereine ou spirituellement émue appartiendraient encore plus d'une composition parfumée par le verger breton du Fransic, la série des Annonciations, L'Ange gardien, Les Pigeons de Bethléem, au rustique décor, ou L'Ermite désabusé de 1903 (Musée de Nîmes), qui tend sa misérable tente solitaire avec sa crosse d'évêque, et plusieurs allégories de la même époque où nous

les pélerins d'Emmaüs
LES PÈLERINS D'EMMAÜS,
CARTON DE VITRAIL PAR LUC-OLIVIER MERSON (1886)

aimions à retrouver, comme à ses débuts, « ce maître rare, et par­fois exquis, avec sa pensée profonde et sa forme si pure1 ».
De grands travaux de peinture murale l'avaient depuis longtemps éloigné des Salons. Dès 1877, le décorateur exposait le diptyque commandé pour la galerie de Saint­Louis au Palais de Justice, où l'histoire de France est traitée, comme la peinture religieuse, archaïquement, mais classiquement, par un dessinateur maître de sa forme, et sans vaine ostentation de candeur pédante ou d'érudite gaucherie; les deux profils du même roi sont frappants d'expression2.


C'est encore Saint Louis qui l'inspire, en 1888, à Saint-Thomas d'Aquin, composiLion sévère et contemporaine de deux cartons cornéliens: Rodrigue et Chimène, Polyeucte et Pauline

1. M. Henry Cochin, Le Salon de 1903 (Gazette des Beaux-Arts, 1903, l. II, p. 22), à propos de La Vérité et la Justice mortes et de L'Annonciation au jardin.
2. Saint Louis, à son avénement au trône, fait ouvrir les geôles du royaume (1226) et Saint Louis, malgré les supplications des nobles et des barons, condamne le sire Enguerrand de Coucy (1259)

 



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Toussaint COPPOLANI
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