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La Gazette des Absents (numéro 12)  
   
    
 
N° 12, Mercredi 30 Novembre 1870 
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PARAIT Les Mercredi et Samedi 
à 10 h. du matin D. JOUAUST, REDACTEUR 
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LETTRE-JOURNAL 
DE PARIS 
Gazette des Absents 
Prix : 15 centimes.
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EN VENTE A PARIS 
Rue Saint-Honoré, 338 
et au bureau du Figaro  RUE ROSSINI, 3 ---- | 
 
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    SAMEDI 26 Novembre 1870. -- RAPPORT MILITAIRE supplémentaire
	relatif à l'affaire de Bondy. Les compagnies de marche du 72 e bataillon de la garde nationale, qui
	voyaient le feu pour la première fois, ont soutenu l'action avec un sang-froid et une énergie 
remarquables. Ont été blessés : le commandant Massion, et MM. Lefranc, Pain, Noisan et Geslain.
  
Décrets : portant réquisition des huiles de pétrole épurées existant dans les magasins
publics et privés ;  - ordonnant le recensement général des chevaux, ânes et mulets, et défendant qu'il en
soit vendu sans une notification préablablement faite.
  
Avis du gouverneur  prévenant le public qu'à partir du dimanche matin 27 novembre, les portes de Paris
seront jusq'à nouvel ordre, fermées à la circulation, et ne s'ouvriront que pour le service militaire.
  
INFORMATIONS ET FAITS DIVERS. - Le Rationnement. Nos lecteurs seront sans doute curieux de
connaître quelle sera notre alimentation pendant la semaine qui va s'écouler. La voici jour par jour :
dimanche, morue ; lundi, porc salé ; mardi, morue ; mercredi, boeuf et mouton conservés ; jeudi,
vendredi et samedi, boeuf frais. Ajoutons qu'il y a toujours, outre des pommes de terre, des légumes
frais, tels que choux, céleris, etc., et que les marchands ont encore une grande quantité de légumes
conservés. Quant au pain, fait maintenant avec les blés moulus à Paris, il est un peu moins blanc, mais
d'aussi bonne qualité que par le passé. Le chocolat et les confitures ne nous font pas non plus défaut. -
Le Lait. A la suite de l'arrêté de réquisition des vaches laitières, le ministre de l'agriculture
en a fait saisir 1,720 non déclarées ou déclarées tardivement, ou bien dont l'alimentation n'était pas
suffisamment assurée. Ces animaux, bien qu'ils fussent sous le coup de la confiscation, ont été payés
néanmoins à leurs propriétaires comme viande de boucherie. Après cette saisie, il restera dans Paris 
4217 vaches laitières déclarées ; la disette de lait n'est donc pas à craindre.
  
 - Nos journaux. Nous avons, depuis quelque temps constaté avec peine, dans les dispositions de
 certains journaux à l'égard du pouvoir, un partipris de dénigrement qui s'est traduit chez les uns par des
 injures grossières, et chez les autres par des taquineries incessantes ou de déloyales insinuations.
 Pour nous, parisiens, le mal n'a pas été grand ; peu achetées, très peu lues, les feuilles agressives
 ont trouvé dans l'indifférence du public la juste récompense de leurs attaques inopportunes et de leur impuissante
 agitation. Mais la Prusse est là qui nous guette ; vivant toujours dans l'espoir de triompher de la France
 par ses divisions, elle s'est fait volontiers l'écho de ces clameurs anti-patriotiques. Et ce n'est pas
 seulement sur les journaux hostiles qu'elle s'est appuyée ; en choisissant avec soin certains extraits 
 pris dans les feuilles les plus inoffensives, en les groupant  avec une perfide habileté, elle a cherché à
 effrayer la province. Mais que nos compatriotes se méfient des journaux prussiens et surtout des
 
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 journaux prussophiles, les plus dangereux ceux-là, parce qu'ils cachent leur
 perfidie
 sous une apparente impartialité. Nous affirmons que jamais Paris n'a joui d'une tranquillité plus 
 complète, et que nul symptôme d'agitation ne se produit dans l'esprit public. Les attaques même dont
 nous parlions tout à l'heure deviennent chaque jour plus rares ; on n'a plus qu'une pensée, le salut
 et l'honneur du pays ; on n'a plus qu'une impatience celle de la lutte. Il est difficile d'être prophète,
 surtout à une époque où la variabilité des événements vient si souvent démentir les prévisions de la sagesse
 la plus expérimentée. Mais nous avons la confiance que notre paix intérieure n'est pas près d'être troublée
; le bon vouloir existe chez tous, et Paris uni, Paris résigné, Paris héroïque, peut invoquer pour lui cette
belle parole de consolation et d'espérance : «paix sur la terre aux hommes de bonne volonté !»
  
- Les Mobiles. Le séjour de la garde mobile parmi nous aura eu cet heureux effet, de préparer une 
union plus intime entre Paris et la province. Nous avons reçu comme ils le méritaient ces braves enfants 
des départements qui venaient pour sauver avec nous la patrie commune, et l'accueil qu'ils ont trouvé dans
la capitale ne sera pas le souvenir le moins précieux qu'ils rapporteront dans leurs familles. Cette
fraternité du bourgeois et du soldat, que nos revers auront ciméntée, a fort heureusement inspiré la
muse d'un de nos plus gracieux poètes, M. Coppée, et il en a fait le plus charmant tableau dans les
quelques vers qui siuvent, extraits de sa Lettre d'un Mobile Breton :
  
Nous étions, Pierre et moi, chez des bourgeois cossus, 
Où nous fûmes assez honnêtement reçus, 
Pourtant j'étais d'abord chez eux mal à mon aise, 
Et je restais assis sur le bord de ma chaise. 
Confus de l'embarras où nous les avions mis. 
Mais leurs petits enfants devinrent nos amis ; 
Ils raient avec nous, jouaient avec nos armes, 
Et couvraient, les démons ! de leurs joyeux vacarmes 
Le bruit que nous faisions avec nos gros souliers, 
Bref, nous sommes partis bien réconciliés, 
Et, les jours de congé, nous leur faisons visite.
  
Et c'est à coeur ouvert que nous les recevons ces jour-là, quand ils peuvent se dérober quelques instants
au froid ou à la pluie pour venir se réchauffer à notre foyer.
  
DIMANCHE, 27 novembre. - Pas de rapport militaire.
  
INFORMATIONS ET FAITS DIVERS. - L'Alimentation morale. Tel est le sujet d'une remarquable
conférence faite ces jours derniers par M. Legouvé. Il a engagé les Parisiens à faire des provisions
de coeur avec autant de soin que des provisions de bouche, et les conseils de l'orateur ont dû être
d'autant mieux écoutés qu'ils sont tout à fait en harmonie avec nos dispositions actuelles. Il est, en
effet, bien curieux et bien intéressant de voir avec quelle ténacité la ville se cramponne à la vie
intellectuelle. Les lycées et les écoles sont assidûment férquentés ; les conférences s'organisent ; les 
théâtres, dont les représen-
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  Un grand merci à Philippe ROBY 
  (Philatélie72)
  collectionneur passionné pour nous avoir transmis
les documents pour les numéros 2 à 10, 12 à 14, 18 à 21, 24, 26 à 28. 
Ainsi qu'à Chantal S. pour le numéro 17. 
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